La détresse d'Anne

« …et elle pleurait » (1 Samuel 1:7).

Il est bon de rappeler qu'il y a des moments où Dieu permet que nous entrions dans des circonstances difficiles pour que nous ayons l'occasion de prouver notre foi en Lui. Mais qu'en est-il de la véritable douleur et de la détresse que nous éprouvons ? Anne a ressenti l'amertume de sa situation et la cruauté de Peninna, l'autre femme d'Elkana (v. 6). (Il n'a jamais été dans la volonté de Dieu qu'un homme ait plus d'une femme et le christianisme a rétabli ce principe ; voir 1 Timothée 3:2,12 ; Tite 1:6). L'une des leçons chrétiennes les plus difficiles est de montrer les traits de Christ dans des circonstances douloureuses et injustes. Pourtant, c'est précisément dans ces situations que l'on voit la réalité de Christ dans le croyant.

L'histoire d'Anne nous enseigne une autre leçon importante. Elle était profondément affligée (v. 7, 10, 15), mais elle dépeint de manière frappante l'expérience par laquelle nous passons avant de trouver la paix et la force dans le Seigneur Jésus. Dans toute difficulté, il y a toujours la tentation de résoudre nos propres problèmes. Dans le monde d'aujourd'hui, les gens sont encouragés à être indépendants et à voler de leurs propres ailes, à s'affirmer et à mener leurs propres batailles – à s'occuper d'eux-mêmes. En tant que chrétiens, nous devrions en effet être des personnes capables d'assumer leurs propres responsabilités, mais nous le faisons sous la direction du Seigneur et avec Son aide. Le Seigneur Jésus était l'homme le plus puissant qui ait jamais marché sur cette terre, mais Il n'a jamais rien fait sans en référer à Son Père céleste. Il a passé des matinées et des nuits entières à prier pour l'œuvre qu'Il était venu accomplir. Le modèle de vie du Seigneur est vital pour le chrétien. Lorsque des problèmes surviennent, nous les soumettons au Seigneur dans la prière et à la lumière de Sa parole. Nous n'essayons pas de les résoudre par nos propres forces. Pierre a essayé cette approche et a fini par renier le Seigneur Jésus. Anne ne pouvait pas changer sa situation, mais sa détresse l'a poussée vers le Seigneur.

Cependant, Elkana, bien qu'il aimât profondément sa femme, ne comprenait pas la détresse qu'elle éprouvait. Il a essayé de la soulager. Au verset 8, il a commis l'erreur classique de surestimer sa propre importance : « Est-ce que je ne vaux pas mieux pour toi que dix fils ? » Parfois, les maris, même les maris chrétiens les plus aimants, peuvent être trop simplistes dans leurs réactions aux besoins de leurs femmes. Il ne suffit pas de dire « ça va ». La compassion du Seigneur l'amène dans nos circonstances. C'est cette compassion envers l'autre qui devrait se manifester dans nos mariages. Elkana n'a pas ressenti la douleur de sa femme dans son cœur et, par conséquent, a été insensible à sa profonde détresse.

Les maris chrétiens ne doivent jamais se surestimer. Nous ne devons pas ignorer les besoins et les expériences que peuvent vivre nos épouses, et encore moins les aborder sous l'angle de notre propre importance. Une meilleure réponse aurait été pour Elkana de partager le chagrin de sa femme ; pour reprendre les termes de Romains 12:15 : « pleurez avec ceux qui pleurent ». Il aurait dû la soutenir spirituellement en comprenant la situation et son incapacité à la résoudre. Elle n'aurait pas dû se rendre seule à la Maison de Dieu. Il aurait dû être à ses côtés. Dans toutes les relations, nous pouvons être des exemples, mais nous ne sommes pas des solutions. Nous devons être sensibles aux besoins des autres, en particulier de nos proches, et les diriger vers le Seigneur Jésus. Il ne fait aucun doute qu'Elkana aimait sa femme. Mais à ce stade de leur relation, son amour n'était ni intelligent ni compatissant. Cela devait changer !

Gordon D Kell