33ème COMMUNAUTE EVANGELIQUE REGION SANKURU

33ème C.E.R.S

B.P. 1673 KANANGA

"Sur ce roc je bâtirai mon assemblée,..." Matthieu 16v18

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Les chrétiens doivent-ils participer à la vie politique ?

Par HP Barker (1869-1952)

« Oui, bien sûr ; et plus ils seront de bons chrétiens, plus ils seront de bons politiciens. »

Telle est la réponse souvent donnée à la question qui figure en tête de cet article. Il est certain que de nombreux chrétiens participent à la vie politique. Ils le font avec le désir de faire avancer la cause de la justice et de promouvoir le bien-être de leurs semblables.

Pour le serviteur du Christ, cependant, la question principale devrait certainement être celle-ci : « Qu'est-ce qui plaira à mon Maître ? » Son plaisir doit être notre guide, non seulement en ce qui concerne ce que nous faisons, mais aussi la manière dont nous le faisons. Le Seigneur a-t-il une volonté spécifique en la matière ? Sa Parole nous éclaire-t-elle à ce sujet ? C'est cela que j'invite le lecteur à considérer. Mais il faut d'abord soulever une question préalable.

Qu'est-ce qu'un « chrétien » ?

Un chrétien, c’est plus que quelqu’un qui croit simplement dans le christianisme. De manière générale, ce terme est souvent utilisé pour faire la distinction avec un juif ou un païen. En suivant ce sens, on pourrait dire que beaucoup de professeurs de religion, qui ne sont pourtant pas convertis, sont des « chrétiens ».

Qu'est-ce donc qu'un vrai chrétien ? Abraham était-il chrétien, ou Moïse, ou David ? Qu'ils aient été de vrais saints de Dieu – les excellents de la terre (Psaumes 16:3) – cela ne fait pas de doute. Mais étaient-ils chrétiens ?

On tient généralement pour acquis que ces dignes représentants de l'Ancien Testament étaient des chrétiens de premier rang, mais il n'en est pas ainsi. En effet, un chrétien c’est quelqu’un qui est béni au-delà de tout ce que l'on a pu entendre ou voir dans les temps passés. Le chrétien peut dire du Sauveur qu'Il est mort et qu’Il est ressuscité pour lui. Par ce Christ ressuscité, le chrétien est justifié en toutes choses. De plus, le Saint Esprit habite en lui, et l'unit au Christ qui est dans les cieux. En commun avec tous les autres croyants, il est appelé d'une vocation céleste, béni de toutes bénédictions spirituelles, et vu comme un fils par rapport à Dieu. Aussi, le chrétien est considéré comme étant mort avec Christ, et comme ayant été ressuscité avec Lui. Sa position est donc celle de l’identification avec Christ. Jusqu'au jour où tout cela sera manifesté, le chrétien doit marcher dans la lumière de cette position, et être un étranger et un pèlerin ici-bas.

Pour parler ainsi, les Saintes Ecritures sont l’autorité sur laquelle je me fonde, et les déclarations que je fais peuvent être vérifiées par quiconque le souhaitera. Êtes-vous sûr, lecteur, que vous êtes un « chrétien » ? Êtes-vous justifié en toutes choses, et habité par le Saint Esprit ? Êtes-vous un membre du corps du Christ, uni à Lui comme étant votre Chef dans les cieux ? Êtes-vous l'un de ceux que Dieu nomme Ses fils ? Ces questions sont graves, mais, aussi merveilleux que cela puisse paraître, le chrétien peut répondre à chacune d'entre elles par un enthousiaste et résolu « Oui ».

II

Dans la poursuite de notre principale investigation (« Les chrétiens doivent-ils participer à la vie politique ? »), notons bien que Dieu, dans le développement de ses voies envers les hommes, s'est plu à choisir deux peuples pour Son bon plaisir.

Le premier est Israël. Aimée d'un amour perpétuel et choisie dès la fondation du monde, cette nation a été appelée par Dieu à occuper une place unique sur la terre, pour la bénédiction de toutes les autres nations. Cependant, son échec a été douloureux et, après des siècles de péché et de rébellion, la méchanceté d'Israël a culminé avec la crucifixion du Messie promis. À la suite de cet acte affreux, Dieu a suspendu Ses relations avec la nation coupable. Mais cette suspension n’est pas définitive. De nombreuses prophéties éclatantes parlent d'un jour où Dieu tournera leurs cœurs vers Christ, reprendra des relations directes avec eux, et où ils seront le canal de la bénédiction pour toutes les nations de la terre.

Entre-temps, Dieu a mis en lumière le dessein qu'il avait formé avant la fondation du monde. Une communauté d’hommes et de femmes, formant l’Église, devait être rassemblée parmi les païens et les juifs, afin qu’ils appartiennent à Christ d'une manière particulière, pour qu’ils soient cohéritiers avec Lui, et qu’ils soient unis à Lui par les liens les plus étroits et intimes. Ceci, (« le mystère » caché au cours des siècles passés) est maintenant révélé, et la mise en lumière de ce « mystère » est l'un des traits marquants du christianisme, qui le distingue de tout ce qui a précédé et de tout ce qui suivra (voyez à ce sujet le chapitre 3 des Ephésiens).

Une illustration de la vie quotidienne permet d'éclaircir ce point. Un train express doit passer à une certaine gare dans cinq minutes ; mais le train qui s'arrête reste au niveau du quai. Qu'est-ce qu'il faut faire ? Une seule chose. Le train qui s'arrête doit être aiguillé (c’est-à-dire changer de voie) afin que le train express puisse passer.

De la même manière, Israël a été aiguillé, déplacé pour ainsi dire, afin que l'Église (composée de tous les chrétiens depuis la Pentecôte) puisse occuper les rails. Lorsque l'Église aura parcouru son séjour sur terre et qu'elle aura atteint sa destination dans la gloire, alors Israël sera placé sur la ligne principale et sera à nouveau l'objet de la bénédiction de Dieu.

Ces deux peuples – Israël et l'Église – sont souvent appelés « le peuple terrestre » et « le peuple céleste ». Ces termes sont justes et scripturaires, car Israël a été appelé d’un appel terrestre, et s'est vu promettre des bénédictions terrestres, alors que l’appel et la vocation de l'Église est céleste. L’Église est placée dans des relations célestes, et elle est bénie dans les lieux célestes. Cela apparaîtra plus clairement si nous nous référons à certains passages de l'Ecriture qui exposent les deux grandes chartes de bénédiction.

Les deux grandes chartes de bénédiction

L’une est pour le Juif, l'autre est pour le Chrétien. Voyons d'abord Deutéronome 28. Lisez attentivement les premiers versets et remarquez le caractère des bénédictions promises. « Toutes ces bénédictions viendront sur toi ». Quelles bénédictions ? Les versets qui suivent nous le disent : « Tu seras béni dans la ville, et tu seras béni dans les champs. Le fruit de ton ventre sera béni, et le fruit de ta terre, et le fruit de tes bêtes, les portées de ton gros bétail, et l'accroissement de ton menu bétail ; ta corbeille sera bénie, et ta huche (grand coffre de bois) » (Deutéronome 28:3-5). Et ainsi de suite jusqu’au verset 13. N'est-il pas facile de voir que les bénédictions promises à Israël, conditionnées par leur obéissance, étaient des bénédictions en lien avec la prospérité sur terre ?

Passons maintenant à Éphésiens 1:3. Combien les bénédictions décrites dans ce passage sont différentes ! « Beni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ». Qui sont les « nous » mentionnés dans ce verset ? Ce sont les chrétiens. Nos bénédictions sont spirituelles et célestes, à la différence des bénédictions temporelles et terrestres promises à l'Israélite obéissant et pieux.

Les chrétiens ne sont pas promis à une prospérité terrestre. Au contraire, les chrétiens les plus pieux ont souvent été les plus pauvres. Prenons l'exemple de Paul. Il dit de lui-même : « Jusqu'à cette heure nous souffrons et la faim et la soif, et nous sommes nus, et nous sommes souffletés, et nous sommes sans demeure fixe » (1 Corinthiens 4:11). Il n’y a pas plus différent des bénédictions terrestres mentionnées précédemment que cela.

On ne saurait trop insister sur le fait que la citoyenneté du chrétien est céleste. Philippiens 3:20 l’exprime clairement. Le mot grec employé par l’apôtre est « politeuma », ce qui se traduit par « bourgeoisie » ou « droit de cité, patrie », et renvoie directement à la citoyenneté au sens politique du terme. Nous pourrions ainsi lire « Notre citoyenneté est dans les cieux ». Une fois encore, dans le passage de 1 Corinthiens 15:48, les chrétiens sont qualifiés de « célestes ». C'est-à-dire que nous appartenons à une communauté qui est distinctement céleste. Un chrétien pourrait dire : « Je voudrais être plus céleste », et ce désir est juste si la conduite et les manières sont en cause. Dieu voudrait que nous soyons tous davantage célestes. Mais nos nombreux manquements ne doivent pas affaiblir cette grande vérité : en ce qui concerne les relations, les bénédictions, les perspectives et la position, nous, les chrétiens, NOUS SOMMES, par le dessein et l'appel de Dieu, un peuple céleste. Contrairement à Israël, nous appartenons au ciel, où se trouve notre citoyenneté.

III

Il y a un autre fait important à considérer avant d'aborder plus directement la question qui nous occupe.

Le rejet du Christ

Lorsque le Seigneur Jésus était sur terre, il a trouvé des hommes engagés dans la construction d'un grand système mondial. La religion y avait son espace, mais il n'y avait pas de place dans cette structure pour Christ. Il ne trouvait sa place nulle part. Il était « la pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée » (Matthieu 21:42).

Les hommes continuent de construire, et nous voyons le grand édifice du système mondial tout autour de nous. Quel merveilleux système ! Il y a de la place pour presque tout à l’intérieur. Mais attention, les portes de ce grand système sont verrouillées et barrées pour empêcher Christ d’entrer. Les bâtisseurs du monde d'autrefois lui ont refusé une place, et Étienne les a accusés d'être les traîtres et les meurtriers du Juste (du Christ) (lisez Actes 7:52).

Pour les cœurs fidèles, ce fait immense éclairera tout. Nous ne devrions jamais oublier que nous séjournons dans un lieu où notre Seigneur a été rejeté et déshonoré. L’avons-nous suffisamment pris en compte ? Ce fait terrible ne transforme-t-il pas le monde en la « vallée de l'ombre de la mort » pour nous, chrétiens ? Comment pouvons-nous participer à ses espoirs et à ses ambitions, alors que Celui que nous aimons en a été chassé, mis dehors ?

De plus, le monde a fait du grand ennemi de Christ, c’est-à-dire Satan, son chef et son dieu. Sur le plan politique, Satan est le chef (ou prince) du monde (Jean 14:30). Sur le plan religieux, il est le dieu de ce siècle (2 Corinthiens 4:4).

Ne comprenons-nous donc pas que le présent siècle est un siècle mauvais ? C'est ainsi qu'il est nommé dans Galates 1:4. C'est l’ère de la domination de Satan. Le chrétien, cependant, n'est pas de ce monde. Lisez les mots catégoriques de Jean 17:16, qui nous en donnent l'assurance. Le chrétien n'est pas non plus dans le monde pour l'améliorer. Son travail consiste à témoigner pour celui qui a été chassé et qui « s'est donné lui-même pour nos péchés, en sorte qu’il nous retirât du présent siècle mauvais » (Galates 1:4)

Que la réjection du Christ soit un fait important pour vous, cher ami chrétien, et demandez-vous si c'est de la loyauté ou de la trahison que d'être autre chose qu'un étranger dans ce monde qui n’a pas voulu de Lui.

IV

Nous avons, je crois, largement avancé dans la réponse à apporter à notre question « les chrétiens doivent-ils prendre part à la politique ? » Nous avons considéré des faits et des principes qui doivent certainement montrer qu'il n'y a qu'une seule réponse possible.

Mais il y a d'autres éléments sur lesquels j'attire maintenant l'attention du lecteur. Tout d'abord, voyons ce que ce que nous pouvons apprendre de la vie de Christ sur terre.

La vie de Christ sur terre

C'était une époque de grande agitation politique. La Judée avait été annexée à l'Empire de Rome, et un gouverneur romain représentait le pouvoir païen qui était alors détesté à Jérusalem. Le sentiment national était très fort. Le pharisaïsme guettait l'occasion de se placer à la tête d’une tentative pour se débarrasser de ce joug exaspérant. Dans ces conditions, ne devait-on pas s'attendre à ce que le Seigneur Jésus exprime son point de vue sur la situation politique, et qu’il prête le poids de son influence soit au parti national dont les buts étaient patriotiques et religieux, soit au parti romain, représenté par la dynastie des Hérodiens (du nom du roi Hérode) ?

A un moment donné, des membres de ces deux partis opposés tentèrent d'obtenir du Seigneur l'expression d'une opinion politique par le moyen d’une question habilement formulée. « Est-il permis de payer le tribut à César, ou non ? » Leur conseillerait-il de supporter patiemment le joug païen ou de s'y opposer vigoureusement ?

Quelle opportunité pour un politicien ! Les représentants des deux principaux partis de l'État attendaient avec impatience d’entendre Sa réponse. Que conseillerait le grand Maître ? Se rangerait-il du côté du gouvernement ou conseillerait-il de s'y opposer ? Se rangerait-il du côté du gouvernement, ou conseillerait-il un mouvement de « résistance passive », ou autre chose encore ?

On s'aperçut rapidement que le Seigneur Jésus n'avait rien à dire sur la politique de l'époque. Sa mission parmi les hommes était de faire valoir les droits de Dieu sur la conscience et sur l'âme des hommes. Ainsi, montrant la pièce de monnaie utilisée pour le paiement de l'impôt impérial, il demanda : « De qui est cette image et cette inscription ? ». « De César », répondit-on. Il dit alors : « Rendez donc les choses de César à César, et les choses de Dieu à Dieu ». Cette réponse fut probablement accueillie avec des murmures par le parti pharisien. « Quel manque de patriotisme ! », se sont-ils peut être exclamés. « Pourquoi n'a-t-il pas exhorté le peuple à lutter pour la liberté et à résister à la tyrannie ? » Mais il est impossible d'évoquer cet incident sans constater que le Seigneur Jésus a délibérément refusé de prendre part à la politique. Plutôt que de le faire, il a laissé les gens le considérer et le juger comme un antipatriote.

V

L'occasion s'était déjà présentée à Lui de Se placer à la tête d'une foule enthousiaste voulant affirmer l'indépendance de la Galilée, la province du nord de la Palestine. Son pouvoir de nourrir cinq mille hommes avec une simple poignée de pain et de poisson avait tellement impressionné la foule qu'elle décida d'un commun accord qu'Il devrait être leur chef et leur roi. Ils étaient même prêts à Le contraindre par la force d’accepter la position de roi (Jean 6:15), mais ce n'était pas pour cela qu'Il était venu sur terre. Il ne voulait pas prendre part au mouvement qui était en marche. Il se retira dans la solitude sur une montagne voisine. Il n'était pas un politicien. Servir Dieu et sauver les hommes, tel était Son objectif.

VI

En une autre occasion, la question de l'arbitrage a été soulevée. Une querelle avait éclaté, et l'on demanda au Seigneur Jésus de servir d'arbitre. Qu'auriez-vous fait dans de telles circonstances ? Auriez-vous dit : « Voici une occasion de promouvoir la paix et la justice, et de faire du bien parmi les hommes » ? Auriez-vous consenti à arbitrer ? Remarquez que votre Maître a refusé. « Homme », a-t-Il dit, « qui est-ce qui m’a établi sur vous pour être votre juge et pour faire vos partages ? » (Luc 12:14). D’autres affaires, et des affaires plus importantes que celle-ci, étaient les siennes.

Quelqu’un pourrait demander : « Pensez-vous donc que l'arbitrage soit mauvais ? ». Non. Il vaut mieux arbitrer que se quereller. Que le monde règle ses différends par l'arbitrage plutôt que par la guerre, par tous les moyens. Mais le fait est que le Seigneur Jésus a laissé ce genre de choses (c’est-à-dire l’arbitrage et le règlement des différends, etc) à d'autres. Il n'a pas condamné l'arbitrage, mais Il n'y a pas pris part. Cela appartenait à une sphère de choses qui n'était pas les « affaires du Père ». Et le chemin que le Maître a suivi est certainement aussi celui que le disciple devrait suivre.

VII

Dans les premiers temps du christianisme, l'esclavage était une institution établie, et nombreuses étaient les cruautés et les horreurs que cette institution engendrait. On aurait pu penser que les serviteurs du Christ lanceraient une campagne pour son abolition. Mais l'épître à Philémon montre que les chrétiens de cette époque brillante n'ont pas levé le petit doigt pour changer l’état des choses. Onésime, un esclave en fuite, s'était converti grâce à la prédication de Paul à Rome. Au lieu de profiter de l'occasion pour exposer les maux de l'esclavage, l'apôtre renvoie délibérément le fugitif avec un message courtois et une demande affectueuse afin que le maître chrétien reçoive son esclave fugitif, désormais de retour, comme un frère en Christ.

Aucun chrétien ne peut être indifférent aux cruautés infligées aux malheureux esclaves, que ce soit dans les temps anciens ou dans les temps modernes. Et les horreurs de la traite des esclaves, qui les racontera ? Ce commerce diabolique n'est pas non plus une affaire du passé. Sur la côte occidentale de l'Afrique, où flotte le drapeau du Portugal, l'affreux trafic existe encore (note du traducteur : ce traité a probablement été écrit dans la première moitié du XXème siècle, l’auteur se référant certainement à la Guinée-Bissau, colonie portugaise jusqu’en 1951). Mais la ressource du chrétien, c'est Dieu lui-même. Non pas en faisant de l'agitation ou en se joignant à une propagande politique, non pas en rédigeant des pétitions pour le Parlement, ou en organisant des réunions de masse ; mais en allant dans la présence de Dieu avec le fardeau des malheurs du monde sur son cœur, et en sortir pour porter la nouvelle du Christ aux hommes. C'est de cette manière que le chrétien cherchera légitimement à servir son Maître. C'est du moins ce qui ressort des pages du Nouveau Testament.

VIII

En ces jours où le Socialisme, le Radicalisme et la Démocratie sont des mots d'ordre sur tant de lèvres, il ne faut pas oublier que les chrétiens sont exhortés à « honorer le roi ». Qui était sur le trône lorsque l'apôtre Pierre a donné ce conseil (1 Pierre 2:17) ? Ce n’était pas un souverain bienveillant comme la reine Victoria, ni un monarque pacifique comme le roi Édouard VII ; c’était Néron, l'un des pires tyrans que le monde n’ait jamais connus, le meurtrier de sa mère et de sa femme, l'incarnation de tous les vices et de toutes les cruautés, c’était lui le porteur de la couronne impériale. Mais les chrétiens ne devaient s'associer à aucun mouvement visant à détrôner l'empereur, ou visant à changer de régime politique dans un sens jugé plus favorable. Ils devaient continuer dans l'obéissance tranquille, souffrant pour la justice, tout en honorant le roi en raison de sa haute fonction (1 Pierre 2:13-17). Ceux qui sont au pouvoir le sont en vertu de l'ordonnance de Dieu (Romains 13:1), et le devoir du chrétien n'est pas de résister, mais de se soumettre.

IX

Je suis bien conscient que de nombreux chrétiens très estimables ne seront pas d'accord avec ce que je dis. Ils soutiennent qu'il n'est pas contradictoire pour eux de prendre part à la politique de l’époque. Ils soutiennent que les chrétiens devraient faire tout leur possible pour donner une couleur morale à la vie publique, et pour introduire des influences saines dans l'arène politique.

Ceux qui défendent ce point de vue pourraient tirer une leçon du cas de Lot. C'était un homme juste (2 Pierre 2:7), mais il a commis une grave erreur. En étant devenu résident de la ville inique de Sodome, il a accepté une position d'autorité dans cette ville. Il « s'assit à la porte de Sodome ». C'est-à-dire, je suppose, qu'il est devenu l'un des magistrats de la ville. Son désir était probablement de voir la justice prendre la place de l'injustice, d'adoucir l'atmosphère putride de la vie civique de Sodome ; mais l'entreprise s'est soldée par un terrible échec. Son témoignage fut annulé, sa voix d'avertissement tomba dans l'oreille d'un sourd, et la destruction de la ville fit de lui un fugitif sans ressource, finissant ses jours misérablement dans la grotte d’une montagne. Quelle leçon sérieuse est à tirer de ce récit !

« Mais », dira quelqu'un, « n'est-il pas juste d'essayer de faire élire les meilleurs hommes comme membres du Parlement ? De meilleures lois ne seront-elles pas adoptées et le pays ne sera-t-il pas mieux gouverné par des hommes bons que par des hommes mauvais ? »

On peut le croire, mais c'est souvent le contraire qui se produit. Il est significatif d’observer que lorsque le temps pour Dieu est arrivé de choisir un gouverneur pour le monde, il a choisi un homme violent et tyrannique, Nabuchodonosor. Cet homme a été établi comme le premier grand chef païen des nations, après qu'Israël, par sa désobéissance, eut perdu la faveur de Dieu. Au lieu qu’Israël soit laissé sous la domination des rois de la lignée de David, Dieu remit son peuple obstiné entre les mains des païens, et désigna Nabuchodonosor (la « tête d'or ») pour le gouverner. Dieu est dans les coulisses, et peut accomplir Sa volonté à travers les hommes les plus méchants, comme à travers les meilleurs. Que les chrétiens s'occupent donc des affaires de leur Maître, et qu'ils laissent le monde s'occuper des affaires de son maître.

X

Il est tout à fait clair pour tout étudiant des Ecritures que Satan a le contrôle du grand système qu’est le monde. Il n'est pas encore complètement développé, mais les développements futurs sont annoncés dans les pages prophétiques. Les nations d'Europe occupent une place prépondérante dans l’étonnant système organisé par le diable.

Ces nations européennes prendront, à la fin, la forme de dix royaumes, qui formeront une étroite confédération, laquelle sera dirigée par un grand empereur charismatique, appelé dans les Ecritures « la Bête ». Les Juifs, qui seront de retour dans leur terre de Palestine (bien qu'ils seront encore dans l'incrédulité), recevront comme leur roi un homme sans foi ni loi, un homme inique et sans scrupules, qui sera connu sous le nom de « l'Antichrist ». La Bête et l'Antichrist formeront une union, et alors des choses effrayantes s'accompliront. On pourrait écrire tout un volume sur les choses terribles qui se produiront dans ces derniers jours ; terribles seront les souffrances et les indicibles jugements qui s'abattront alors sur les « habitants de la terre ». Le lecteur se reportera aux pages de Daniel et de l'Apocalypse pour plus de détails. Il s'agit du point culminant vers lequel se dirigent les politiques de notre époque.

Mais si Satan élabore ce grand système qu'il domine, Dieu aussi a un grand système en vue, un système dont Christ est le centre béni. Je ne parle pas ici du ciel, ni de l'état éternel, mais de ce qui sera mis en place au cours de la période généralement connue sous le nom du « millénium », c’est-à-dire de la période de mille ans de bénédiction et de gloire.

Le chapitre 2 du livre de Daniel nous apprend que le grand système mondial sera brisé comme par une pierre détachée sans mains. La pierre deviendra une grande montagne et remplira toute la terre. Cela décrit certainement ce qui prendra la place du système mondial lors de sa destruction. Le Dieu des cieux établira un royaume. De nombreuses prophéties montrent que Jérusalem sera la métropole de ce merveilleux royaume, et Israël restauré sera la nation à travers laquelle le règne de justice sera établi jusqu'aux extrémités de la terre. Alors les hommes briseront leurs épées pour en faire des socs de charrue, et ils n'apprendront plus la guerre.

Mais le chrétien a sa part dans une sphère plus élevée et plus glorieuse encore. Le monde à venir aura son côté céleste aussi bien que son côté terrestre ; et cette partie céleste, le royaume du Père, où en tant que fils nous serons éternellement chez nous, cette partie céleste sera notre part. Toutes les gloires du Christ en rapport avec la bénédiction des hommes sur terre seront pour nous à contempler avec admiration, mais nous serons nous-mêmes avec Lui, demeurant dans l'amour du Père, et nous connaitrons comme nous serons connus.

Il est merveilleux de raconter que cette scène d'amour et de vie nous est offerte dès maintenant. Nous n'y sommes effectivement pas mais, par l’Esprit de Dieu, nous avons le pouvoir d'y entrer et de goûter les joies de ce royaume de félicité. Il déploie ses gloires devant nos cœurs, et nous donne de contempler Celui qui en est le Centre, le Fils bien-aimé du Père.

Lecteur chrétien, que sais-tu de tout cela ? Je suis persuadé que si tu connaissais la joie de la vie au sein de cette maison céleste, tu serais projeté hors des questions politiques. Tu serais, par l'Esprit de Dieu, dans une sphère où ces activités terrestres n'ont pas leur place. Et tu chercherais à passer le temps de ton séjour ici, non pas en te joignant à ce qui appartient au système du monde, mais en faisant la volonté de Dieu, et en servant les intérêts de Celui qui est rejeté ici, mais exalté là-bas.

H P Barker

145, Avenue du commerce, quartier Tshinsambi, commune de Kananga (Kasaï-Central, RD Congo)

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