Grand-mère Caleb

« Et maintenant, voici, comme il l'a dit, l’Éternel m'a conservé en vie, ces quarante-cinq ans, depuis que l’Éternel a dit cette parole à Moïse, lorsque qu'Israël marchait dans le désert ; et maintenant, voici, moi je suis aujourd'hui âgé de quatre-vingt-cinq ans. Je suis encore aujourd'hui fort comme le jour où Moïse m'envoya ; telle que ma force était alors, telle ma force est maintenant, pour la guerre, et pour sortir et entrer. Et maintenant, donne-moi cette montagne dont l’Éternel a parlé en ce jour-là » (Josué 14:10-12).

J'ai passé beaucoup de temps avec ma grand-mère quand j'étais jeune. Elle prenait soin de moi lorsque ma mère nourrissait mes nombreuses jeunes sœurs. J'allais souvent faire les courses avec elle et, de retour chez elle, je devais rester assis dans un silence complet pendant que la grand-mère comparait le prix de ses achats avec la monnaie qu'elle avait laissée dans son porte-monnaie pour vérifier que ses comptes étaient en ordre. Je ne me souviens pas qu'elle ait jamais fabriqué de jouet pour moi, mais elle a été la première adulte à m'emmener dans son monde et à me faire découvrir les réalités et les nécessités d'un quotidien austère. Elle l'a fait avec un cœur chaleureux, une bonne humeur et un altruisme dont je me souviens avec une immense gratitude. En grandissant, sa petite maison simple est restée l'un de mes endroits préférés.

Quand elle avait plus de 80 ans, nous l'avons emmenée faire une excursion d'une journée à Alton Towers. Le point culminant de la journée était « The Log Flume », une attraction aquatique populaire basée sur le transport de rondins sur les rivières. C'était rapide et, comme nous l'avons découvert trop tard, il y avait trois grosses chutes lors de sa descente. Je ne me souviens plus comment la grand-mère a réussi à nous rejoindre pour ce trajet. Mais elle nous a rejoints. Lors de la dernière descente, une photo des passagers a été prise, s'accrochant de toutes leurs forces ! Je me suis senti obligé d'acheter notre photo pour me rappeler de ne plus jamais recommencer. L'expression sur nos visages, à cinq, annonçait un désastre imminent ! L'expression du visage de la grand-mère, empreinte d'un calme absolu, lorsqu'elle traversait les vagues qui s'écartaient, résumait parfaitement l'image d'une femme jamais accablée par ce qui l'attendait. Elle m'a rappelé une Caleb au féminin, éternelle, heureuse, généreuse et fidèle protectrice des générations futures.

Caleb n'a jamais oublié la terre que lui, Josué et leurs compagnons d'espionnage étaient allés explorer. Il savait qu'il appartenait à ce lieu que Dieu avait promis à son peuple. Mais il en était privé par l'infidélité et la peur de ceux qui faisaient fondre les cœurs de leurs frères (Josué 14:8). Il a dû donc endurer un long voyage dans le désert.

Lorsque, enfin, Caleb a vaincu les géants qui se dressaient sur son chemin et qui ont pris possession d'Hébron, ses premières pensées étaient tournées vers la génération suivante. Il les a inspiré avec abnégation à suivre l’Éternel de tout leur cœur, partageant librement ce qu'il avait reçu. Nous voyons son esprit se refléter chez sa fille Acsa, qui, pleine de confiance en la générosité de son père, lui a demandé : « Accorde-moi une bénédiction ; car tu m'as donné une terre du midi, donne-moi aussi des sources d'eau. Et il lui donna les sources du haut et les sources du bas » (Josué 15:19).

Caleb a laissé aux générations futures le plus grand héritage : celui de « suivre pleinement l'Éternel » (Josué 14:8,9,14). Il avait bu de sources spirituelles du haut, en étant l'un des premiers à voir la terre qu'il allait posséder, et il avait longtemps bu de sources spirituelles du bas du désert. Ainsi, Caleb n'était jamais aigri ni épuisé par la déception de ne pas avoir pu entrer victorieusement dans le pays à la première occasion. Dieu lui avait promis qu'il finirait par posséder son héritage, et il n'a pas marché péniblement pendant ces années d'épreuve, mais il a continué à « suivre pleinement l'Éternel » avec enthousiasme. Tout comme Daniel ouvrait les fenêtres de sa maison vers Jérusalem, je doute qu'un jour ne se soit écoulé sans que Caleb ne s'arrête pour méditer sur la promesse qui l'attendait. Son énergie et sa force n'ont pas diminué. La foi et l'espérance dominaient son cœur. Il n'a jamais douté de la certitude de la parole de Dieu. Et Dieu n'a jamais permis que sa foi soit oubliée. Aujourd'hui encore, il enseigne comment laisser le plus grand héritage.

Gordon D Kell