Amené et tondu

Il a été opprimé et affligé, et il n'a pas ouvert sa bouche. Il a été amené comme un agneau à la boucherie, et a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent ; et il n'a pas ouvert sa bouche (Ésaïe 53:8).

Il y a un contraste saisissant entre la sainteté de Jean chapitre 17 et l'impiété de Jean chapitre 18. Dans Jean chapitre 17, nous avons le privilège d'être témoins du Fils de Dieu « levant les yeux au ciel ». À l'approche de la croix, nous entendons le Fils de Dieu ouvrir son cœur à Dieu le Père dans la prière. Il a regardé au-delà des souffrances du Calvaire vers la gloire et a exprimé la « joie qui était devant lui » (Hébreux 12:2). Après avoir saisi la profondeur de l'amour du Christ en communion avec son Père dans les parvis de la gloire, le Sauveur est lié et amené dans les ténèbres des tribunaux de ce monde. Tel l'Agneau de Dieu décrit par Ésaïe, Jésus « a été amené comme un agneau à boucherie, comme une brebis devant ceux qui la tondent ». Quelques instants avant d'être emmené, Jésus manifeste sa puissance divine par la simple parole « c'est moi », faisant reculer ses captureurs et les faire tomber par terre (Jean 18:6), et sa grâce divine par la guérison de Malchus (Luc 22:51).

Mais dès lors, Jésus est présenté devant Anne, l'ancien souverain sacrificateur, disposé mais influent, et beau-père de Caïphe, le souverain sacrificateur installé par les Romains. Dans cette confusion corrompue, un faux procès se profile, qui se termine par amener Jésus au Prétoire, le siège de Pilate, le gouverneur Romain. Il est étonnant qu'une sacrificature incrédule, qui avait planifié la mort du Christ et avait employé de faux témoins pour l'accuser, n'ait pas pénétré dans le Prétoire, « afin qu'ils ne fussent pas souillés, mais pour qu'ils puissent manger la pâque » (v.28). Leur hypocrisie aveugle était sans limite.

Ce sont les soldats de Pilate qui ont dépouillé Jésus « et lui ont mis un manteau d'écarlate », une tonte de moquerie des Gentils. Plus tard, le Sauveur était conduit devant Hérode et ses hommes de guerre, qui l'ont traité « avec mépris et s'étant moqué de lui, le revêtit d'un vêtement éclatant et le renvoya à Pilate » (Luc 23:11). Cet acte a réconcilié les deux hommes, devenus amis. Finalement, Pilate, défenseur de la justice Romaine, a abandonné la loi, et Jésus est amené à la croix.

Le fait que le Sauveur fut conduit d'un tribunal inique à un autre et cruellement dépouillé de toute dignité a servi à prouver la puissante manifestation silencieuse d'un amour magnifiquement décrit au 2ème couplet de l'hymne de J. N. Darby, « Nous te louerons, glorieux Seigneur » :

Un amour qui ne laissa aucune souffrance de répit,
Nous louerons le véritable amour divin ;
Amour qui, pour nous a fait expiation,
Amour qui nous a faits Tiens.

Dans Actes 8, par l'intervention du Saint Esprit, Philippe, l'évangéliste, est conduit dans le désert auprès d'un « Éthiopien eunuque, homme puissant à la cour de Candace, reine des Éthiopiens » (v.27). C'était le début de l'accomplissement de la prophétie du Seigneur en Actes 1, selon laquelle ses disciples seraient ses témoins « jusqu'au bout de la terre » (v.8). Et que lisait cet homme important ? Ésaïe 53 : « Il a été amené comme un agneau à la boucherie, et a été comme une brebis muette devant ceux qui tondent, et il n'a pas ouvert sa bouche. Il est ôté de l'angoisse et du jugement ; et sa génération, qui la racontera ? Car il a été retranché de la terre ».

Que l'amour du Sauveur ne cesse jamais de régner dans nos cœurs et de motiver nos vies.

Gordon D Kell