Pierre : Sa réprimande envers le Sauveur

Et Pierre, le prenant à part, se mit à le reprendre, disant : « Seigneur, Dieu t'en préserve, cela ne t'arrivera point ! » Mais lui, se retournant, dit à Pierre : « Va arrière de moi, Satan, tu m'es en scandale ; car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes » (Matthieu 16:22-23).

Après les questions du Seigneur à ses disciples à Césarée de Philippe, et la merveilleuse réponse et la bénédiction de Pierre, il a commencé à leur révéler sa mort et sa résurrection. « Dès lors Jésus commença à montrer à ses disciples qu'il allât à Jérusalem, et qu'il souffrît beaucoup de la part des anciens et des principaux sacrificateurs et des scribes, et qu'il fût mis à mort, et qu'il fût ressuscité le troisième jour » (v.21).

Pierre ne pouvait pas comprendre que le Seigneur traverse un tel rejet et de telles souffrances, et il l'a pris à part pour le reprendre. Pierre agissait par crainte que la Personne qu'il connaissait comme le Christ, le Fils du Dieu vivant, et qu'il avait vu manifester son amour et sa grâce divins, ne subisse une telle souffrance. En même temps, il ne s'est pas arrêté à considérer l'incohérence de déclarer Jésus comme le Fils omniscient du Dieu vivant, puis de le réprimander pour avoir révélé comment il accomplirait l'œuvre du salut.

La réponse du Seigneur est cinglante : « Mais il se retourna et dit à Pierre : “Va arrière de moi, Satan, tu m'es en scandale ; car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes” ». Tout comme Jésus s'était réjoui de la révélation du Père à Pierre de qui il était, le Fils de Dieu, il s'est tourné immédiatement vers les paroles audacieuses de Pierre. Pierre a commencé par dire : « Seigneur, Dieu t'en préserve, cela ne t'arrivera point ! ». Ce faisant, il contredisait et rejetait la révélation du cœur du Dieu vivant en son Fils. Pierre a révélé sans le vouloir ce qui avait été dans la pensée de l'homme depuis la chute : nous savons mieux que Dieu. Les yeux de Pierre et des autres disciples étaient fixés sur un Israël restauré, et non sur le salut du monde (Actes 1:6). Il était inconcevable que leur Messie souffre comme Jésus l'a décrit. Mais Pierre n'était en présence de Jésus que parce que Jean avait dirigé son frère André vers Jésus, l'Agneau de Dieu, et qu'André l'avait conduit Pierre à Jésus. Pierre avait besoin, comme nous tous, que le Sauveur traverse les souffrances du Calvaire, meure à notre place et ressuscite triomphalement pour que nous puissions être rachetés.

Plus tard, le Sauveur se tournera vers Pierre après qu'il eut nié avoir jamais connu Jésus, pour l'assurer de son amour indéfectible (Luc 22:61). Pierre écrira plus tard le fait d'être « témoin des souffrances du Christ » et appellera le peuple de Dieu à se revêtir d'humilité, car « Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles » (1 Pierre 5:1,5). Il a parlé avec un cœur qui avait appris l'humilité et qui a compris où l'orgueil et la confiance en soi nous mènent.

Nous sommes constamment confrontés au danger de ne pas nous préoccuper des choses de Dieu, mais de celles des hommes. Paul écrit dans Philippiens : « Ayez en vous la pensée qui a été aussi dans le Christ Jésus » (Philippiens 2:5) et parle de l'humilité et de la gloire du Sauveur. Dans Matthieu 16, Pierre ne comprenait pas comment le Fils du Dieu Vivant pouvait être soumis à la souffrance et à la mort. Le Seigneur a dû le discipliner pour faire de lui le témoin le plus remarquable de la puissance de la mort et de la résurrection du Sauveur et pour qu'il manifeste le cœur le plus bienveillant envers son peuple. Les paroles brûlantes du Seigneur à Pierre étaient les blessures de l'Ami le plus fidèle. (Proverbes 27:6). Ces paroles, prononcées avec amour, nous enseignent à ne pas mépriser le châtiment du Seigneur : « Car le Seigneur châtie celui qu’il aime » (Hébreux 12:6).

Gordon D Kell