Naomi : la décision de Ruth

« Et Ruth dit : Ne me prie pas de te laisser, pour que je m'en retourne d'avec toi ; car où tu iras, j'irai, et où tu demeureras, je demeurerai : ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu » (Ruth 1:16).

Ruth est un personnage si séduisant que, lorsque nous retraçons les voies de la grâce de Dieu dans sa vie, nous pouvons oublier ce que Dieu a fait dans la vie de Naomi. Lorsque Naomi a pris la décision de quitter Moab, ses deux belles-filles l'ont accompagnée. Je ne peux pas imaginer qu'il ait été facile pour Naomi de s'installer à Moab, mais quelles qu'aient été les difficultés, elle a profondément marqué la vie de Ruth et d'Orpa. Naomi est un exemple remarquable de foi dans la famille. Elle ne s'est pas éloignée de ses belles-filles et n'a pas vécu dans un splendide isolement. Au contraire, elle a développé des relations avec elles. Le témoignage qu'elle a rendu dans des conditions très difficiles témoigne de sa foi en Dieu. Ruth et Orpa en ont été profondément touchées, et toutes deux étaient prêtes à quitter Moab pour aller avec elle en Juda.

Naomi était une femme pratique et sage. Elle savait ce que c'était que de vivre une vie solitaire dans un autre pays et toutes les pressions que cela impliquait. Elle était également très consciente des incertitudes auxquelles trois veuves devaient faire face. Il y avait de la tendresse dans son cœur lorsqu'elle a dit à Ruth et Orpa : « Allez, retournez chacune dans la maison de sa mère. Que l'Éternel use de bonté envers vous, comme vous avez fait envers les morts et envers moi ! L'Éternel vous donne de trouver du repos, chacune dans la maison de son mari ! » (v.8-9). Elle ne voulait pas perdre ses proches, mais elle a agi avec abnégation. Ses paroles nous donnent un aperçu du fondement de son témoignage à l'égard de ces deux jeunes femmes : « Que l'Éternel use de bonté envers vous ». Naomi avait connu tant de tristesse, mais elle n'avait pas perdu sa foi dans le Seigneur. Il ne s'agissait pas d'une présentation de dernière minute du Dieu auquel Naomi croyait. Elle les confiait au Dieu dont elle avait témoigné pendant sa vie en exil.

Ruth et Orpa ne se laissent pas facilement décourager. Mais Naomi leur expose les réalités de leur situation et Orpa, avec une grande tristesse, fait demi-tour. Dieu ne nous cache jamais les réalités de la vie. Le fait d'être chrétien ne signifie pas que nous évitons les épreuves et les chagrins nombreux et variés auxquels nous pouvons être confrontés dans la vie. Je me demande si Élimélec a prié avec Naomi lorsqu'il a décidé d'emmener sa famille à Moab ? Nous savons, dans 1 Samuel 1, qu’Anne a dû se rendre seule dans la présence de Dieu. Il ne fait aucun doute qu'Elkana aimait Anne, mais lorsqu'elle avait le plus besoin de lui, il manquait à l'appel. Heureusement, son comportement a changé. Élimélec avait quitté une situation très difficile. Avait-il réfléchi à ce qui l'attendait, lui et ceux qu'il aimait ? Le mari et la femme doivent agir en commun dans la prise de décision et considérer devant Dieu les conséquences auxquelles ils peuvent être confrontés. Naomi s'est assurée que Ruth et Orpa savaient ce qui les attendait. Elles devaient découvrir par elles-mêmes si elles avaient la foi et la volonté de s'engager dans un avenir incertain en faisant confiance à Dieu.

Naomi ressentait profondément sa situation : « la main de l'Éternel s'est étendue contre moi ». Elle était sur le point de découvrir la main bénissante de Dieu à travers la foi simple et résolue de la jeune femme qu'elle avait présentée au Dieu d'Israël. Il est difficile de trouver dans l'Écriture des paroles de dévotion plus poignantes et plus profondes que celles prononcées par Ruth : « Ne me prie pas de te laisser, pour que je m'en retourne d'avec toi ; car où tu iras, j'irai, et où tu demeureras, je demeurerai : ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu. Là, où tu mourras, je mourrai et j'y serai enterrée. Ainsi me fasse l'Éternel, et ainsi il y ajoute, si la mort [seule] ne me sépare de toi ! » (v.16-17).

C'était le début d'un voyage dont ni Naomi ni Ruth n'auraient pu imaginer la fin. C'est un voyage qui souligne à nouveau les voies de la grâce de Dieu et sa capacité à transformer l'amertume en bénédiction.

Gordon D Kell