Les faiseurs de tentes

« Après cela, étant parti d'Athènes, [Paul] vint à Corinthe ; et ayant trouvé un Juif, nommé Aquilas, originaire du Pont, tout récemment venu d'Italie, ainsi que Priscilla sa femme (parce que Claude avait commandé que tous les Juifs sortissent de Rome), il alla à eux ; et parce qu'il était du même métier, il demeura avec eux et travaillait, car leur métier était de faire des tentes. Et chaque sabbat, il discourait dans la synagogue et persuadait Juifs et Grecs » (Actes 18:1-4).

Lorsque j'étais très jeune, le vendredi soir était le moment le plus excitant pour moi. C'était le moment où mon père s'asseyait sur sa chaise, où nous n'avions jamais le droit de nous asseoir, et où il alignait tous ses enfants et donnait à chacun d'entre nous son argent de poche. La vitesse à laquelle je me rendais de la maison au magasin du coin pour acheter des bonbons aurait défié les plus grands sprinters du monde. Je n'ai jamais pensé à ce que coûtait mon argent de poche. Un jour, très, très tôt le matin, mon père m'a emmené à l'endroit où il travaillait comme boulanger. Je me souviens qu'il m'a assis sur un banc et que je l'ai regardé mélanger la pâte dans de grandes machines et glisser des miches de pain dans de vastes fours. C'est ce jour-là que j'ai appris d'où venaient les brûlures sur ses avant-bras, qu'il attrapait sur les parois du four en poussant le pain dans la chaleur.

Cette expérience m'a appris au sujet de ma relation avec mon Père dans les cieux. Même en tant que chrétiens mûrs, nous considérons souvent Dieu uniquement comme un « pourvoyeur ». Bien sûr, il est un pourvoyeur. Toutes les bénédictions matérielles et spirituelles viennent de Son cœur et de Sa main bienveillants. Mais, comme Moïse sur le mont Nebo, Il veut nous élever et nous montrer les merveilles de Son œuvre de grâce. Il veut que nous entrions dans tout ce qu'Il a fait et fera en Christ. Il veut que nous le connaissions.

Nous sommes faits pour travailler. Adam était un jardinier, Jacob un berger, Ruth une ouvrière agricole et Esther une reine. Le travail que Dieu nous confie est digne. Nous le voyons chez Paul qui, avec ses amis Aquilas et Priscilla, travaillait comme faiseur de tentes à Corinthe. Il y a une continuité entre son travail manuel et son ministère dans la synagogue. En Actes 20, il dit aux anciens d'Éphèse qu'il n'a mis aucune réserve à leur annoncer tout le conseil de Dieu (verset 27). Puis il a ajouté : « Vous savez vous-mêmes que ces mains ont été employées pour mes besoins et pour les personnes qui étaient avec moi » (verset 34). Le Seigneur Jésus a travaillé comme charpentier, et depuis la croix, il veille à ce que Jean prenne soin de Sa mère, Marie.

Nous compartimentons si souvent nos vies. Dieu les voit comme un tout. C'est pendant qu'Adam travaillait dans le jardin d'Eden que Dieu est descendu. Énoch marchait avec Dieu tout au long de la journée. David a appris la communion avec Dieu en tant que berger. Ruth a appris à faire confiance à Dieu dans un champ. Aujourd'hui encore, dans le service chrétien, nous parlons de la fabrication de tentes comme d'un moyen pour atteindre une fin. Dieu ne sépare pas nos vies et ne traite pas notre travail séculier comme secondaire. Le Seigneur Jésus n'a jamais eu honte d'être appelé le fils du charpentier ou même le charpentier. C'est en tant que tel qu'Il a manifesté la majesté de l'amour et de la grâce de Dieu. Et Dieu cherche à témoigner de ce même amour et de cette même grâce qu'Il a déversés dans nos cœurs à travers le travail qu'Il nous a donné à faire.

« Et quelque chose que vous fassiez, en parole ou en œuvre, [faites] tout au nom du seigneur Jésus, rendant grâces par lui à Dieu le Père » (Colossiens 3:17).

Gordon D Kell